Les participant-e-s à la deuxième édition du Salon Villes et Toits du Cameroun se disent globalement satisfait des travaux tenus le vendredi 30 Octobre 2020 à l’Institut Universitaire Saint Jérôme de Douala.

Plus de 287 personnes ont effectivement pris part aux activités de la deuxième édition du Salon Villes et du Cameroun. Ces activités qui étaient constituées pour l’essentiel de quatre sessions thématiques, une visite des stands et trois ateliers de renforcement des capacités, concourraient à la maitrise du thème central retenu : « Déconstruction de la perception négative et discriminatoire des quartiers populaires : contribution et défi dans l’atteinte de l’ODD[1] 11», et avaient pour objectifs spécifiques :

• D’offrir une tribune d’expression aux habitants des quartiers populaires pour présenter leurs contributions à l’atteinte de l’ODD 11 ainsi que les défis qu’ils rencontrent ;
• De renforcer les connaissances des parties prenantes du Salon sur les contributions et défis des quartiers populaires dans l’atteinte de l’ODD 11 ;
• De renforcer la collaboration entre les habitants des quartiers populaires d’une part et entre ces derniers et l’exécutif communal d’autre part.

La parole aux populations des quartiers populaires

En effet, les sessions thématiques ont été l’occasion de donner aux habitant-e-s des quartiers populaires d’exprimer leur avis, attentes, doutes et craintes aux administrations, pouvoirs publics et organisations de la société civile. En réponses, ces derniers (administrations, pouvoirs publics et organisations de la société civile) ont ainsi pu rappeler et clarifier à chaque fois que le besoin se présentait, leurs missions régaliennes, leurs réalisations, leurs projections et même leur opportunités et offres d’informations en matière d’amélioration du cadre de vie des populations urbaines et péri urbaines.

Ensuite, la visite des stands a donné la parole aux artisans et entrepreneur-e-s de trois des cinq quartiers populaires cibles du Projet de promotion et de protection du droit au logement décent par l’appui à l’amélioration des quartiers populaires dit « Projet AQP » mis en œuvre par le CODAS Caritas Douala à savoir BONEWONDA dans l’arrondissement de Douala 1^er, NEWTOWN AEROPORT 2 dans l’arrondissement de Douala 2 et enfin BEPANDA YONGYONG dans l’arrondissement de Douala 5. Elle a commencé par le stand de l’ association des jeunes engagés pour l’émergence du Cameroun en abrégé AJEEC de BEPANDA YONG-YONG qui ont présenté leurs produits en l’occurrence le savon antiseptique à base de produits naturels (la bave d’escargot, le miel, le beurre de karité, ‘huile de palmiste, les cristaux de menthe, etc…).dénommé « AJEEC FRESH» (médicament de la peau car lutte efficacement contre les pathologies telles que : la dartre, les démangeaisons, les boutons, les taches et les cicatrices de 1er degrés) et la teigne et du piment liquide dénommé « PI-BIO 237», fait à base de piment doux d’Afrique et de l’huile pure d’arachides.

Par la suite, la caravane officielle s’est dirigée vers le stand de « creuseurs de sable » de BONEWONDA qui ont présenté les variétés de sable qu’ils mettent à la disposition des populations ainsi que leur caractéristiques, leurs particularités et les usages possibles, Le stand de l’Association des personnes pour la promotion du Bien-être en abrégé APPBE de NEWTOWN AEROPORT 2, qui a présenté les actions qu’elle a déjà eu à mener dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie notamment le changement de 5 poteaux électriques grâce à leur plaidoyer auprès de l’entreprise ENEO[2] et l’achat de 3 buses de 70X50 pour faciliter l’écoulement des eaux stagnantes dans le bloc 6, a été visité.

Des ateliers courus et enrichissants

Enfin, est arrivé le tour du Stand du CODAS Caritas Douala, où a été présenté quelques réalisations du « Projet AQP» notamment : l’analyse critique de la règlementation foncière au Cameroun ( Juin 2014) ; le guide opérationnel à l’accès à la propriété foncière et guide du logement décent en version anglaise (Juin 2014); la proposition d’avant-projet de loi régissant le droit à un logement décent et l’accès à la propriété foncière au Cameroun (Juin 2015) et le document de capitalisation  de la phase 2 du projet d’appui à l’amélioration des politiques publiques du Cameroun en matière de respect du droit à un logement décent (Mars 2019).

Pour finir, et pour le compte de la dernière articulation avant la cérémonie officielle de clôture du Salon, il y a eu les ateliers de renforcement de capacités où, il s’est avéré que l’atelier 2 portant procédure de financement des projets des citoyens et communautés par le conseil d’une Mairie d’arrondissement a été l’atelier le plus plébiscité des trois ateliers proposés. Les autres ateliers portaient respectivement les thématiques suivantes Déconstruction de la perception négative et discriminatoires des quartiers populaires  (Atelier 1) et Composantes du Droit à la Ville (Atelier 3). Au cours desdits ateliers, les nombreuses questions des participant-e-s, les une toujours plus intéressantes que les précédentes, ont donné l’occasion aux institutions en charge des renforcement des capacités à savoir le CODAS Caritas Douala pour l’atelier 1, la mairie d’arrondissement de Douala III pour l’atelier 2 et le binôme CODAS Caritas Douala et ASSOAL pour l’atelier 3, d’apporter des explications, des précisions voire tout simplement des informations adéquates à des préoccupations précises.

Les recommandations retenues au terme des travaux

En définitive, quatorze recommandations ont sanctionné ces travaux. Elles ont d’ailleurs été respectivement adressées à des parties prenantes précises :

• Quatre (4) recommandations à l’endroit des habitant–e-s des quartiers populaires

Recommandation 1 : Continuer de briller par l’adoption des comportements citoyens et responsables tel que se rapprocher des délégations régionales/départementales du MINHDU[3] et des CTD[4] avant d’entamer toute opération liée au sol en matière de construction et d’immobilier en général.

Recommandation 2 : Renforcer les capacités en matière d’amélioration de l’accès de leurs quartiers à plus d’espace public, plus d’opportunité de génération d’activités économiques et aux divers types de partenariats pour l’amélioration concertée de leur logement.

Recommandation 3 : Rechercher les informations et opportunités de renforcement des capacités existantes auprès des communes d’arrondissements, des institutions spécialisées et des programmes dédiés à l’amélioration des conditions de vie dans les établissements humains,

Recommandation 4: S’impliquer d’avantage dans les projets en cours autour d’eux afin de les approprier pour la pérennisation de ceux-ci.

• Trois (3) recommandations à l’endroit du CODAS Caritas Douala

Recommandation 5 : Mener un plaidoyer pour une reconnaissance accrue de la contribution des quartiers populaires dans le développement économique et social des villes ;

Recommandation 6 : Enquêter les parties prenantes afin de recueillir leur(s) défi(s) et attentes à consolider lors d’un atelier de planification stratégique. ;

Recommandation 7 : Développer et renforcer les partenariats pour l’amélioration des quartiers populaires : identification et mise en œuvre  d’activités visant (i) l’accès aux services urbains de base adéquats ; (ii) l’accès au logement adéquat, abordable et sécurisé ; (iii) le développement de plans de mitigation et d’adaptation aux changements climatiques dans les quartiers populaires ; (iv) le renforcement de la gouvernance urbaine pour une gestion urbaine plus inclusive, redevable, pro-pauvres ; (v) le renforcement du plaidoyer et du partenariat pour une croissance urbaine inclusive et pro-pauvres.

• Deux (2) recommandations à l’endroit des Organisations de la Société civile

Recommandation 8 : Organiser, informer et former les habitant-e-s des quartiers populaires afin qu’ils/elles soient plus participatif dans le processus de développement de leurs quartiers et passent de citoyen-e-s passifs/passives à citoyen-e-s actifs/actives.

Recommandation 9 : Employer la méthode du community organizing, qui vise à impliquer dès la base les habitant-e-s dans le processus de développement de leur cadre de vie et à renseigner les ODD[5] en général, et l’ODD 11 en particulier.

• Cinq (5) recommandations à l’endroit des administrations et pouvoirs publics des villes camerounaises, tout spécialement du MINHDU, MINDCAF, MINEPAT et des CTD

Recommandation 10 : Renforcer les capacités des différents acteurs (CTD ; Communautés/associations de résidents ; Services déconcentrés de l’Etat ; Concessionnaires de réseaux) en matière de développement de projets/infrastructures pro-pauvres, d’accès aux espaces publics, au logement, aux activités de développement économiques.

Recommandation 11 : Renforcer les capacités des grands propriétaires fonciers et les sensibiliser sur l’opportunité de l’aménagement concerté et inclusif

Recommandation 12 : Former les conseillers municipaux, les chefs des quartiers et les habitant-e-s des quartiers populaires sur les modalités d’implication et de participation des populations à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des projets et programmes de développement de leurs quartiers.

Recommandation 13 : Multiplier des actions en vue de renforcer la résilience des populations des quartiers populaires face aux crises sanitaires.

Recommandation 14 : Vulgariser d’avantage les différents textes concernant l’immobilier et impliquer d’avantage les populations dans les différents projets.

Si pour Mme TOKO Régine, Chef service de la Coopération et de la communication à la maire de Douala 1^er qui prenait part à ce Salon pour la première fois, « le CODAS Caritas a effectué un travail important auprès des habitant-e-s sur le terrain et cela a pu se voir dans le choix des contenus et la qualité des échanges qui étaient assez élevées.» Pour Madame TAYI, participante et membre de la société civile, « …le fait de permettre aux populations de s’adresser à leurs maires est pour moi une très bonne idée.» Ces différents témoignages illustrent le sentiment général des participants et révèlent tout le travail de fond mené par le Comité d’organisation dirigé par Monsieur KATIHABWA PIE par ailleurs Coordonnateur du CODAS Caritas Douala pour qui « Le Salon s’est très bien passé, avec notamment une bonne participation, l’accompagnement de l’administration et la qualité des échanges qui a permis aux uns et aux autres de repartir de ce Salon avec des savoirs et des savoir-faire pratiques.»

Il faut cependant noter que visiblement, tous les points n’ont pas été clarifiés et tous les quartiers cibles du projet n’ont pas pu s’exprimer et exposer. Vivement donc la troisième édition du Salon villes et toits du Cameroun annoncée pour le mois d’octobre 2021, le mois Urbain.

Notes:

1. Objectifs de Développement Durable
2. ENEO est le nom commercial de l’entreprise en charge de la distribution de l’électricité au Cameroun. Il a pour nom juridique Energie of Cameroun S.A
3. Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain
4. Collectivités Territoriales Décentralisées